• La Chapelle Notre Dame des Auzils à Gruissan dans l'Aude

    Suite de ma page précédente : le cimetière des marins

     

    J'ai repris une partie du texte explicatif d'un feuillet disponible aux visiteurs à l'entrée de la chapelle.

     

    Protégeant le village de Gruissan depuis des siècles, Notre Dame des Auzils est le trésor du massif de la Clape. A l'abri des pins, bercée par le chant des cigales, la chapelle nous ouvre ses portes et nous fait pénétrer dans un monde peuplé de souvenirs et de mystères.

     

    L’histoire de la chapelle

     

    En 1080, les moines de l’abbaye de Cassan, dans l’Hérault, installent un prieuré dans la Clape. Il accueille les voyageurs qui parcourent à pied l’inhospitalier massif.
    Le nom « Dame dals Auzils » est donné en 1223, lorsque les religieux de Boulboune, dans l’Ariège, achètent le prieuré.
    L’actuelle chapelle semble avoir été construite en 1635. Depuis, elle a été maintes fois rénovée et consolidée.

    L’édifice n’étant pas à l’abri de l’humidité, un bon nombre de ses décorations dont certains ex-voto d’une très grande valeur sont peu à peu envahis par la moisissure.
    Souhaitant être aidés pour la rénovation de ces peintures, les habitants du village réussissent à faire classer la Chapelle Monument Historique en 1964. En 1973 le site des Auzils est classé au titre des sites historiques. 

     

    Les ennuis de la chapelle

      En 1967 la porte de la chapelle est fracturée et une cinquantaine d’ex-voto est volée. Ce drame bouleverse les Gruissanais qui cherchent à retrouver dans leurs greniers de vieilles photographies des ex-voto dérobés afin de les remplacer ou tout au moins de les reproduire.

    C’est grâce à l’intuition de l’abbé Pauc, Conservateur des Antiquités du Département, qui avait pris le soin de photographier les ex-voto avant le vol, que les reproductions vont pouvoir être faites.

    La rénovation commencera un an plus tard sous la responsabilité de Robert Cassin, Restaurateur aux Monuments Historiques.
    Robert Cassin à l’aide des photographies, reproduit les ex-voto directement sur les murs de la chapelle en utilisant la technique du « trompe-l’œil ». L’illusion est parfaite et les ex-voto inviolables. En 1981, tous les Gruissanais sont au rendez-vous pour inaugurer la chapelle rénovée. Notre Dame des Auzils a retrouvé sa beauté d’antan, avec 73 ex-voto et 27 maquettes à nouveau en place.

    En 1978, un autre problème survient. La chapelle est envahie par les termites. Ces derniers s’attaquent au bois de la chapelle, détruisant toute la tribune qui entoure les bancs des fidèles ainsi que les sièges réservés aux autorités et aux familles. Cette fois encore, des volontaires gruissanais se mettent au travail pour éviter une entière destruction de Notre Dame.

     

    L'origine des ex-voto de la chapelle:

      Un ex-voto est un tableau, plaque ou objet déposé dans un sanctuaire à la mémoire d’un vœu. Le terme latin « ex-voto suscepto » signifie « suivant le vœu fait ».

    Les activités liées à la mer, lieu de tous les périls, ont souvent suscité ce genre de réalisations. Les marins en perdition implorent l’aide du ciel. 

     Avant d'appareiller pour un voyage lointain, les marins et leur famille venaient se confier à la Vierge, à qui ils offraient au retour de leurs périples des ex-voto sous forme de tableaux et maquettes, bannières, statuettes de la Vierge et modèles de proues de navires, la remerciant ainsi pour les avoir épargnés lors de "fortunes de mers". Le plus ancien date de 1816.

     

    L'ex-voto répond à des normes précises : Le centre du tableau décrit l'événement motivant (naufrage). C'est la partie concernant la terre et les mortels. Dans la partie supérieure s'ouvre une "fenêtre" donnant accès au monde divin avec apparition de la divinité implorée. Il s'agit d'une trouée dans les nuages, d'une brume lumineuse d'où sortent des rayons. Dans le bas du tableau sur une cartouche à fond noir est relaté en blanc, l'histoire du tableau. Lors de la séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1906, l'inventaire des biens de l'église précisait que la chapelle des Auzils possédait 73 tableaux et 23 maquettes de navires faisant office d'ex-voto. En 1964, il ne restait plus que 68 ex-voto dans la chapelle. Trois ans plus tard, dans la nuit du 21 au 22 juillet 1967, une cinquantaine fut volée.

     

    Au fil des siècles, la population des pêcheurs gruissanais à la foi bien ancrée vouera à ce lieu un véritable culte. Visible de loin en mer, c’est vers lui qu’ils tourneront leur regard quand ils devront affronter les périls et le redoutable appétit du Golfe du Lion. 

     

    Trois pèlerinages par an ont lieu à la chapelle

    Le lundi de Pâques, les pèlerins vont rendre hommage aux marins disparus en mer. Cette tradition a commencé en 1797 après la disparition de 32 marins, le 28 février de cette même année, à cause d’une tempête.

    Le lundi de Pentecôte, le pèlerinage se fait pour remercier Notre Dame d’avoir mis fin à l’épidémie de choléra qui fit 94 victimes en 1835.
    Enfin, le troisième pèlerinage a lieu le dernier dimanche d’août en prévision des vendanges.

     

    Autrefois, les pèlerins venaient de Gruissan et des alentours et montaient à pied jusqu’à la chapelle, rendant hommage sur le chemin à chaque cénotaphe.
    Les « vrais » pèlerins montaient pieds nus, en égrenant un chapelet afin de parfaire leurs prières.
    Les pêcheurs respectés avaient l’honneur de porter la croix du Christ en bois, remplie de sable et de pierres. Les pèlerinages étaient toujours très gais.

    Aujourd’hui, seuls les pèlerinages de Pâques et de Pentecôte sont encore suivis par les fidèles. Des messes y sont célébrées occasionnellement, notamment le 15 août.

     

    Les siècles ont passé et grâce aux Gruissanais, la Chapelle et le Cimetière Marin ont gardé leur charme d’antan. Les visiteurs sont toujours éblouis par l’ambiance chaleureuse et agréable qui se dégage de ce lieu. Notre Dame des Auzils continuera longtemps à veiller sur le village et les pêcheurs, parole de Gruissanais !

    En été, la chapelle reste ouverte aux visiteurs.

     

    Après ces quelques explications, entrons... (les explications qui suivent viennent du livre "Notre dame des Auzils" de Jean-Pauc

    Cliquer sur les photos pour les agrandir

     

    A l'avant du choeur on voit un autel en bois peint par une artiste toulousaine, Geneviève Duboul en 1971. Sur l'avant on voit des bateaux, oiseaux, marins, venir se mettre sous la protection de la Bonne Mère qui veille sur Gruissan.. Elle est assise sur un rocher de la Clape et tient dans ses bras l'Enfant Jésus. Sur un côté on trouve une peinture représentant saint Pierre, patron des pêcheurs et sur l'autre Saint Joseph, patron des charpentiers de la marine. Je ne les ai pas en photo. 

    La statue de Notre-Dame des Auzils est installée dans une niche qui fait partie du rétable de l'autel. Classée monument historique, elle date vraisemblablement du XVe siècle. Elle a subi des dégradations particulièrement à l'époque de la Révolution.

     Elle a été restaurée non pas avec de la pierre, mais avec du bois, ainsi la main droite qui tient une ancre de marine et le  bras gauche portant l'Enfant Jésus sont en bois.

     

    Maquette de 85 cm de la SNS 119, (Société nationale de sauveteurs en mer) Notre Dame des Auzils II, don de l'équipage du sauvetage en mer de Gruissan, le 11 juillet 1984, vous pouvez le voir accosté au port ici

     

    Les tableaux volés ont été repeints en trompe-l'oeil, directement sur les murs

       

     Cette figure de proue représente le Messie commandant au vent et à la tempête

     

    Les deux images qui suivent sont des trompe-l'oeil relatant l'histoire de la restauration de la chapelle et de la confection des nouveaux es-voto

    On s'y tromperait, mais c'est bien un tableau peint sur le mur et non pas un cadre

    Bateau en perles de verre, en partie peintes en vert et en rouge

     

    Dans le fond de la chapelle les réductions de bateaux votifs sont présentés dans des vitrines sur l'estrade constuite pour masquer divers accidents naturels du sol primitif.

     

     

    Notre-Dame des Auzils vue depuis la mer (photo zoomée)

     

    Et pour finir, ce splendide goéland, pris depuis le bateau lors d'une balade en mer

    Oiseau de paix,

    oiseau de soutien aux marins

    oiseau du souvenir

    Continue de voler... 

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