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Sur les traces de nos pères : visite d'une mine de fer de Lorraine (1ère partie)
Aujourd'hui je vous emmène faire une petite visite dans une mine de fer de Lorraine. Je vous la présenterai en plusieurs parties. La première partie se fera de l'origine des mines jusqu'à l'ère moderne, celle de la mécanisation vers 1950.
Cette visite a été possible grâce à la création de musées des mines de fer.
Le musée dont je parlerai dans cet article et que j'ai visité l'année dernière, c'est le musée des mines de Neufchef.
La visite guidée est faite par d'anciens mineurs qui nous font découvrir, sur un parcours souterrain de plus d'un kilomètre, 150 années d'histoire de ceux qu'on appelait les gueules jaunes.
Cette visite nous fait revivre le quotidien des mineurs de fer :
- des origines par l’utilisation du pic, de la masse et des wagons en bois puis en fer
- à nos jours par l’utilisation des gros engins fonctionnant à l’air comprimé, à l’électricité puis au diesel.
Un parcours fabuleux dans un site extraordinaire d’authenticité.
Le bassin ferrifère de Lorraine s'étend sur 120 km du Nord au Sud depuis la frontière belgo-luxembourgeoise jusqu'à Nancy. Il atteint 30 km de largeur au maximum.
Il existait 3 types principaux d'exploitation :
- A ciel ouvert : le type d'exploitation le plus ancien, car le plus accessible et ne nécessitant pas de gros investissements.
- A flanc de côteau : ce sera le cas de celle que je vous emmène visiter.
- Par puits : Elles se développent essentiellement entre 1895 et 1914. J'essaierai d'aller en visiter une lors de ma prochaine visite en Lorraine.
Voici l'entrée d'une mine à flanc de côteau
Le guide explique le circuit que nous allons parcourir avant d'entrer dans les souterrains. Derrière lui on peut voir la statue de Ste Barbe. Bien sûr l'électricité n'existait pas, tout se faisait dans l'obscurité et à l'aide de torches ou lampes à carbure. Les lieux ont également été sécurisés, ce qui n'était pas le cas à l'époque.
Quelques fossiles sont exposés
Les premiers outils utilisés pour les forages.
Jusqu'en 1914 l'utilisation de machines est quasi inexistante. Le travail se fait essentiellement à la main.
De 1820 à 1830 : c'est une entreprise familiale , le père doit forer les trous au pic, extraire le minerai à l'aide d'un vilebrequin, d'un fleuret , et d'une barre de poussée. Le minerai était cassé par une masse , des poids métalliques , de la poudre noire , et la femme assurait sa sortie en le transportant dans des hottes . Elle était ensuite remplacée par ses enfants , dès l'âge de 13 ans , qui cessaient dès lors toute scolarité . Tout cela s'effectuait avec un éclairage précaire (bougie) : c'est la mine ancienne . Le rendement du mineur est de 1 tonne par poste .
De 1840 à 1920, utilisation de la poudre noire et de la mèche lente. L'explosif placé (poudre comprimée) et la volée tirée, les aides-mineurs cassent à la masse les gros blocs de minerai. On peut voir sur les photo ci-dessous des mèches dans le plafond.
Les blocs sont chargés sur des boguets (wagonnets) tirés sur des voies que les mineurs ont eux mêmes posées à travers les galeries soutenues par de simples chandelles de bois. Les boguets sont poussés par les rouleurs du point d'abattage jusqu'à la" gare" du chantier, puis tirés par des chevaux vers le puits d'extraction. Le travail se fait en équipe sous le contrôle d'un porion.
Les écuries des chevaux
La pompe à manège qui servait à évacuer l'eau de la mine.
Vers 1880, les mineurs utilisent "la pompe à manège" simple ou double, actionnée par un cheval qui doit tourner en rond dans une salle spécialement aménagée. Pour éviter que les chevaux aient le tournis, ils portent des oeillères...
De 1910 à 1940 : les galeries sont éclairées par l'électricité. Les machines sont équipées de moteurs Siemens. On assiste à la naissance de l'air comprimé : grâce au compresseur électrique, l'air est désormais comprimé et distribué dans des conduites et les explosifs sont remplacés par des trampeuses à dioxygène liquide. Grande nouveauté : la chargeuse Emco , fait son apparition ; elle permet d'acheminer le minerai dans une benne d'une capacité de plusieurs tonnes ; par ces différents procédés, le rendement par poste est multiplié par 5 (80 à 100 tonnes)
Ici s'arrête la visite pour aujourd'hui, suite dans quelques jours.
On peut aisément imaginer les conditions de travail très pénibles et dangereuses. Des grèves naissent en 1905 et 1907. Des femmes et des enfants travaillaient jusqu'à 48h par semaine : 12 à 13 h par jour au XIXème siècle, 8 à 10h par jour après 1914-18, 8 h par jours en 1936.